Château de Berzé-le-Châtel

Les Jardins de Berzé

Un savoir-faire perpétuellement renouvelé:

Le jardin de Berzé est un héritage qui a été conservé, transformé et enrichi au cours des années grâce à la main habile des jardiniers qui l’ont façonné au goût des propriétaires successifs. On y trouve deux types distincts: les jardins à la française situés dans la continuité de l’allée centrale et les jardins potagers dans la basse cour du château. Les fonctions de base qui ont le plus souvent présidé à la conception des jardins s’efforcent ainsi d’être maintenues:

  • Le plaisir des sens: La vue englobe les couleurs, les volumes et les formes, procurant une sensation d’équilibre et d’harmonie à l’ensemble. L’odorat plus subtil se découvre au contact rapproché des espèces cultivées, évoluant tout au long de l’année. Le goût enfin revêt un caractère plus utilitaire permettant d’apprécier les arômes et saveurs variées.
  • La fonction alimentaire: Le jardin potager et le verger fournissent une partie importante de l’alimentation quotidienne.
  • Le prestige recouvre la fierté de pouvoir montrer le labeur de tant d’années, transmis et hérité.

Il est impossible de parler de style pour les jardins de Berzé-le-Châtel dans la mesure où ils n’obéissent pas à des codes immuables mais changent en permanence. Ce qui est un jour ne l’est plus le lendemain. Le jardin invite ainsi uniquement à une contemplation détachée du monde, l’espace d’un instant figé hors du temps.

En quête de « sens »

Le jardin constitue durant la période médiévale un lieu majeur de la vie quotidienne, à la fois sur les plans matériels et spirituels. Réminiscence du jardin d’Eden, le paradis originel perdu, le jardin terrestre se veut un lieu de paix et de beauté, extase pour les sens et l’âme. L’atmosphère calme des jardins se veut propice au recueillement, à la méditation et à la contemplation de la création divine. Passer du temps au jardin permettrait ainsi d’éveiller son esprit et d’élever son âme pour se rapprocher de Dieu avant le jugement dernier. La dimension symbolique est ainsi très forte.

La Nature confronte l’homme à la force des éléments et à la vulnérabilité de sa condition mais éveille aussi en lui son potentiel d’adaptation et ses capacités d’innovation. L’homme étant contraint de s’adapter et de dompter la nature sauvage, le jardin est le fruit d’un équilibre entre humilité et audace. Etudier, apprendre, comprendre et connaitre son milieu pour l’apprivoiser et l’agencer: tel est le défi des hommes de ce temps.

Le potager

Le jardin potager au cœur du château médiéval répond à un impératif vital: l’autonomie alimentaire. Bien que les échanges soient multiples tant au niveau des matières premières qu’à celui des produits transformés, le château fortifié tend vers un idéal d’auto-suffisance alimentaire pour tenir en cas de siège. Les réserves alimentaires recueillent pour cela le fruit du labeur des paysans, collecté sous forme de taxes.

La culture des terres du domaine se répartie ainsi en champs de pâturages pour le bétail, champs de céréales, vergers, vignes et potagers. Ce dernier, présent au niveau de la basse cour comporte plus d’une vingtaine de légumes communs, cuisinés au quotidien, crus ou cuits en potages et purées principalement. Aujourd’hui considérablement enrichi par de nouvelles variétés, il offre une promenade sensorielle unique.

Légumes: artichauts, pommes de terre, betteraves, asperges, poirés, tomates, courgettes, concombres, aubergines, poivrons, piments, poireaux, courges, carottes, radis, haricots, oignons, échalottes, melons…

Fruits: rhubarbes, fraises, groseilles, framboises, cassis, figuiers, pommiers, poiriers, pruniers, vignes…

Herbes aromatiques: livèche, aneth, romarin, persil, thym, estragon, lavande…

Les jardins à la française

Château médiéval et jardins à la française réunis en un seul endroit: telle est l’alliance paradoxale, anachronique mais néanmoins harmonieuse de la forteresse de Berzé-le-Châtel. Cette signature unique et singulière des jardins ont permis au site d’obtenir le label « jardins remarquables ». Loin d’être anodin, ce choix est porteur d’une dimension symbolique très forte. Hommage à une époque que le château n’a pas connu (inoccupé de 1591 à 1817), il épouse l’univers militaire du château fortifié en prenant la forme d’un échiquier. Les ifs taillés en forme de pions se font ainsi les héritiers des garnisons de sentinelles postées le long des remparts, le regard porté sur la vallée.