Château de Berzé-le-Châtel

L’Histoire

Un castrum du X ème siècle

Constitué d’un donjon primitif en bois et d’une chapelle carolingienne en pierre, le castrum de Berzé est attesté dès le Xe siècle dans un cartulaire de Cluny datant de l’année 991. Le site s’impose dès lors comme la plus ancienne baronnie du Mâconnais. Les Berzé, dont la plus ancienne trace remonte au début du X ème siècle constituent une famille vassale du roi de France, détenant sur ses terres les droits de basse et de haute justice. Les plus éminents (tels que le seigneur croisé Hugues de Berzé) sont enterrés à l’abbaye saint Philibert de Tournus.

Intégré à un réseau de défense de l’abbaye de Cluny dès le Xe siècle, le château prend une importance considérable au XIIIe siècle. En 1229, le sire Hugues de Berzé bénéficie d’un prêt de l’abbaye lui permettant de transformer le château en place forte. Berzé devient ainsi en l’espace de quelques années la plus grande forteresse militaire de Bourgogne du Sud, principal château de défense de l’abbaye. Cluny alors à son apogée accueille près de mille moines à l’année.

Un enjeu disputé au cœur des conflits du temps

Pendant la guerre de Cent ans et plus spécifiquement la guerre civile entre les armagnacs et les bourguignons, le château devient un enjeu disputé et convoité. Donné aux Bourguignons en 1417, il est pris par les armagnacs en 1420 lors de leur attaque du Mâconnais. Après quatre ans d’occupation, il est finalement repris par Philippe le Bon grâce à la présence d’un tunnel souterrain reliant le château à une tour de garde située sur une colline voisine. En 1471, il est à nouveau la cible d’une attaque royale: celle de Louis XI mais dont l’assaut au château s’avère infructueux.

Durant la renaissance, la forteresse dont le rôle militaire est amoindri est néanmoins pris dans le conflit déchirant la France à cette époque: la guerre des ligues. Catholiques et protestants s’affrontent à travers des affrontements éparses mettant le pays à feu et à sang. Le duc de Nevers à la tête de la ligue catholique porte un assaut considérable en 1591. Forte de 1100 hommes, 100 chevaux et d’une série de canons portatifs, l’armée du duc vient à bout des défenses de la forteresse qui cède après deux mois de siège.

De l’abandon à la restauration:

Après l’attaque de la ligue et l’expulsion de ses propriétaires, le château est laissé à l’abandon pendant près de deux siècles. Lieu de pâturage pour le bétail durant la révolution française, il est malgré quelques dégradations relativement épargné par les vagues de destructions révolutionnaires. Déclaré tout comme l’abbaye de Cluny bien national, il entre dans la propriété de l’Etat mais n’est pas réinvesti. Le château subit alors la ruine du temps, évoquée en ces terme par Lamartine  » tantôt éclairé par un rayon de soleil orangé, tantôt du milieu des brouillards, un vieux château en ruines, enveloppé de ses tourelles et de ses tours… « .

En 1817, les descendants des anciens propriétaires rachètent le château, celui-ci redevenant alors un bien privé. Ayant subi de nombreuses dégradations de par son inoccupation prolongée, le château nécessite alors de nombreuses restaurations: charpentes, toitures et planchers doivent être rénovés afin d’assurer la sécurité du lieu. La famille Thy de Milly agrandit peu à peu les fenêtres, rénove le logis seigneurial et entretient les jardins, permettant bien des années plus tard de l’ouvrir au public afin de partager et donner à voir ce monument remarquable du patrimoine.